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Les Ecrits de Pickly
Les Ecrits de Pickly
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26 septembre 2014

PROLOGUE

PROLOGUE

C’était un début d’après-midi plutôt tranquille qui s’amorçait sur la ville légendaire de Hurlevent. Peu de monde dans les rues, hormis quelques vendeurs de pain, de vin, et de jouets pour enfants, ainsi que les patrouilles montées des soldats du Roi. Le ciel était grisâtre, l’atmosphère humide, le vent assaillant, tout annonçant l’arrivée imminente de la pluie. Perchée sur l’un des toits des maisons constituant le quartier commerçant, une immense silhouette ailée remuait, ses griffes raclant contre la toiture. Un proto-drake de couleur rouille aux yeux lumineux, observait les passants d’un air malicieux, comme s’il mourrait d’envie de les attraper et de les emmener avec lui dans les airs. Certains levaient la tête vers lui avec inquiétude, d’autre s’arrêtaient pour observer ses pitreries. Mais bien vite, ils reprenaient leur chemin en baissant la tête. La raison ? L’être qui était juché sur la selle de la bête d’un air sévère. Il n’avait rien d’ordinaire, pour la simple et bonne raison qu’il s’agissait d’un lycanthrope – une femelle, qui plus est. Ses mains étaient serrées autour des rênes en cuir épais de sa monture, ses pieds protégés par des bottines en plaques bien calés dans les étriers. Ses cuisses, sa taille et ses bras étaient aussi ornés d’un attirail en plaques couleur de cuivre. Sur ses épaules étaient juchées des épaulières d’où sortait constamment une volute de feu, identique à celle que diffusait la masse dans son dos, ainsi que son large bouclier. Les oreilles de la bête s’orientèrent vers l’arrière et, d’un sifflement, elle ordonna à sa bête de décoller.

 

Le vent généré par ce mouvement ébouriffa ceux qui se trouvaient trop près. Elle ne sembla pourtant pas le remarquer, et mit le cap sur la sortie de la ville, où elle laissa son dragon aux soins des palefreniers. Cela fait, elle jeta un coup d’œil sur les portes de la ville, et poussa un léger soupir, le visage empreint d’un masque de douceur. La vie était très tranquille, ces derniers temps, et rien ne pouvait lui faire plus plaisir que de savoir que son peuple vivait en paix. Néanmoins, la « paix » en tant que telle avait bien un défaut : son ennui récurrent. Autrefois, lorsqu’elle vivait à Gilnéas, il y avait toujours eu quelque chose à faire. Ici, lorsque les choses allaient bien, son utilité était fragilisée : la garde du roi suffisait aux affaires les plus pointues. Elle poussa un nouveau soupir, et entra de nouveau dans la ville, à pied cette fois. Non pas qu’elle désirait la guerre, comme cela avait été le cas ces derniers mois. L’Alliance avait dû faire face à la folie de Garrosh Hurlenfer conjuguée à la soif de pouvoir d’Ysharj, le dieu Très Ancien, et ainsi empêcher la destruction de la Pandarie. C’était chose faite : Garrosh était derrière les barreaux, et sous bonne surveillance. Des semaines auparavant, elle avait prit un bateau pour retourner dans les Royaumes de l’Est. Certains de ses camarades étaient restés là-bas, mais de son côté, elle préférait retrouver ses vieilles habitudes.

 

Elle poussa la porte d’une taverne et fut accueillie avec chaleur par la serveuse. La Rose Pourpre était un endroit qu’elle avait pour habitude de fréquenter. En général, elle prenait toujours la même place, dans un coin sombre au fond de la salle, là où personne ne la dérangerait. Cette fois, après avoir commandé sa boisson habituelle – une bière de Dun Morogh – elle eût la surprise de voir que quelqu’un s’y était déjà installé. Elle lança un regard amer à la serveuse, mais celle-ci se contenta de sourire et de se retirer, après avoir posé la pinte sur la table. Siskhaa plissa les yeux. Dans l’obscurité, elle devinait bien un léger halo de lumière bleue, et une odeur particulière : celle de la magie. Ses oreilles se dressèrent de surprise, et son poil se hérissa lorsqu’elle vit le sourire de la femme assise à sa place, ainsi que l’éclat de son regard.

 

-         Hyure ?

-         Je savais bien que je te trouverai ici, marmonna l’autre d’une voix railleuse. Tu ne perds pas tes habitudes, on dirait.

-         Qu’est-ce que tu fais là ?

-         Comme toi, vois-tu. Je me suis un peu lassée de la Pandarie … Et il y avait des gens qui me manquaient aussi. Je m’apprête à retourner à Dalaran, mais je fais d’abord une escale ici.

-         Je suis étonnée que tu n’aies pas utilisé tes pouvoirs pour ça, commenta la Worgen avec un sourire narquois.

-         C’est vrai, je te l’accorde. Disons que j’avais envie de voir la Mer …

-         Ça fait un sacré voyage.

-         J’en ai profité pour étudier.

-         Ça ne m’étonne pas de toi.

-         En fait, murmura la mage comme pour changer de sujet, je voulais te voir. Ça tombe bien que tu sois là.

-         Qu’est-ce que tu veux ?

-         Avant mon départ, j’ai entendu des … Rumeurs, fit-elle en enlevant la capuche qui masquait son visage et en posant ses mains l’une sur l’autre sur la table. Il parait que les choses se corsent légèrement dans la prison pandarène.

 

A ces mots, la Worgen s’assit en face de sa camarade.

-         Non pas qu’il y ait danger, mais juste une curiosité qui m’a mis la puce à l’oreille.

Son interlocutrice acquiesça. En général, lorsque quelque chose inquiétait Hyure, elle venait consulter Siskhaa. C’était une habitude, et celle-ci ne savait pas trop si elle devait s’en réjouir ou s’en offusquer, alors elle prenait la chose comme elle venait. Elle écouta donc avec attention.

 

-         Il parait qu’un visiteur particulier a été saluer ce vieux Garrosh. Tu ne devineras jamais qui … C’était Kairoz.

-         Kairoz ?! Le dragon de bronze ? Mais … Je le croyais établi sur l’Île du Temps Figé.

-         C’était ce qu’on croyait tous. Mais apparemment, il est de retour sur le continent. Et je sais pas … Qu’il soit allé voir Hurlenfer me met la puce à l’oreille.

-         A moi aussi, marmonna Siskhaa en buvant une bonne lampée de bière. Est-ce que tu en sais plus ? Que lui as-t-il dit ?

-         Aucune idée.

-         Les gardes n’ont pas pu te renseigner ?

-         Je n’ai entendu ça que par le bouche à oreille, je n’étais pas là au moment où c’est arrivé, rappella Hyure avec condescendance. Mais j’aimerai le savoir aussi.

Elles se regardèrent un instant, puis Siskhaa écarquilla les yeux. C’était donc ça qu’elle avait essayé d’apprendre durant tout ce temps !

 

-         Chut ! Personne ne doit savoir que je travaille sur ce genre de sort. Ça me mettrait dans une position délicate.

-         Je vois pas pourquoi. Si les membres du Kirin Tor étaient au courant de ça, eux aussi tenteraient sûrement de jeter un œil sur ce qui s’est passé.

-         Peu d’entre eux sont capables d’aller lire dans le passé, surtout lorsqu’on ne connait pas la date exacte de l’événement. Et je pense qu’ils doivent être au courant. Un truc comme ça passe pas inaperçu, la preuve … La moitié de nos effectifs en Pandarie sont au courant.

Siskhaa but à nouveau et réprima un rôt. Ses oreilles s’agitaient nerveusement. Elle leva les yeux à nouveau vers sa camarade. Pour la première fois depuis le début de leur conversation, elle vit à quel point elle était épuisée. Elle s’était amaigrie, et des cernes creuses marquaient son visage. Néanmoins, son regard avait toujours cette poigne et cette volonté qui lui étaient propres. Dans son allure, elle ressemblait légèrement à Jaina Portvaillant – personne qu’elle disait ne pas apprécier, mais Siskhaa était persuadée que cela ne tenait qu’à une certaine jalousie … Tout le monde admirait Dame Portvaillant.

 

-         Et tu penses qu’aller à Dalaran est une bonne idée ? Je sais pas, si quelqu’un lit dans tes pensées ou quoi …

-         Aucun risque ! dit l’autre en riant. Je vais juste consulter les bibliothèques pour vérifier deux ou trois trucs, et rendre visite à des proches. Ils ne pourront me soupçonner de rien. Et si je suis obligée, et bien ma foi, je leur dirai. Mais on en n’est pas là. De toute façon, je te fais un topo très vite.

-         Tu pars déjà ?

-         Juste le temps de me remplir la panse.

-         Reste assise, je t’invite.

-          

Elles déjeunèrent donc ensemble, et discutèrent de choses plus légères. Siskhaa demanda des nouvelles des autres membres de la guilde, notamment ses chefs, Vohlt la prêtresse elfe et Nelkisse la chamane draenei. Tout le monde lui manquait beaucoup, mais elle avait des affinités toutes particulières avec cette dernière, ce qui énervait parfois les autres. L’amitié profonde était assez rare chez les guerriers, mais Siskhaa était capable de cela. Hyure lui raconta quelques anecdotes, notamment le départ de toutes les troupes de la Horde du continent pandaren, et la disparition d’Irion. Cela ne surprenait pas Siskhaa. Il avait été si déçu que Varian, le roi de Hurlevent, ne profite pas de la déchéance de Hurlenfer pour tuer son successeur, le noble Vol’Jin, qu’il avait retiré son soutien à l’Alliance et avait totalement disparu de la circulation.

 

Une fois leur repas payé, elles sortirent de l’établissement et débouchèrent dans la rue. Le temps ne s’était pas réchauffé. Le pelage de la worgen se hérissa pour la conserver un maximum au chaud, tandis que la mage ouvrait un portail vers Dalaran.

 

-         On se reverra bientôt.

-         Tiens-moi au courant. Et fais attention à toi, ajouta-t-elle au dernier moment.

La mage lui offrit un sourire avant de disparaître, le portail se refermant sur elle, et les pensées sombres se refermant sur la worgen désormais seule. Les nouvelles que sa camarade lui apportaient étaient vraiment dérangeantes. Pensivement, elle traversa de nouveau la ville pour se diriger vers les écuries et récupéra son proto-drake. Elle l’amena au cœur de la forêt sans monter dessus puis s’arrêta. Plongée dans une intense réflexion, son regard se figea vers un point invisible. Impatiemment, la bête ailée la poussa légèrement du bout de son immense gueule couverte de dents. Siskhaa lui tapota le crâne, et se hissa en selle.

 

Elle attendrait le retour de la mage. Mais son retour en Pandarie semblait inévitable.
Elle talonna sa monture et s’envola en vitesse, propulsée à toute allure vers les cieux par les ailes immenses de la créature. Là-haut, dans le froid vivifiant de l’altitude, son agitation s’apaisa quelque peu.

 

Néanmoins, au fond d’elle-même, elle savait que le calme était désormais de courte durée, et que la paix qu’elle estimait si ennuyeuse allait peut-être prendre un autre court. Il y avait anguille sous roche, elle le sentait dans chacune des fibres de son corps.

 

Bientôt, tout allait changer, elle le savait.

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